Le canyon Lacaze-Duthiers : site d'étude à long-terme
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- Mis à jour : samedi 4 juin 2016 17:00
Depuis 2010, la chaire a mis en place une étude des propriétés dynamiques de l'écosystème du canyon sous-marin Lacaze-Duthiers, dont la campagne d'exploration MEDSEACAN de l'Agence des Aires Marines Protégées a révélé en 2008-2009 les récifs de coraux d'eaux froides entre 300 et 600m de profondeur. Notre objectif est de mieux comprendre les effets conjugués du changement climatique et de perturbations directes par les activités humaines sur cet écosystème remarquable. Depuis 2015, ces travaux font l'objet d'un partenariat avec le Parc Naturel Marin du Golfe du Lion qui a inscrit les têtes de canyons comme habitats remarquables dans son patrimoine naturel.
Le canyon Lacaze-Duthiers est une vallée profonde qui entaille le plateau continental jusqu'à plus de 1000m de profondeur. La tête de canyon à l'extrémité sud du Golfe du Lion n'est distante que de 15 miles nautiques de la côte. Elle abrite de larges populations d'espèces profondes de coraux telles que Madrepora oculata, Lophelia pertusa et Desmophylum dianthus, dont la densité et l'abondance sont exceptionnelles pour la Méditerranée.La circulation des masses d'eau qui favorise le transport de matière organique dans le canyon est une composante-clé de cet écosystème. Elle est intimement liée au régime climatique. Sous l'influence de la Tramontane et du Mistral en hiver, les eaux de surface refroidies et enrichies en sel deviennent plus denses que les eaux profondes et s'écoulent vers la plaine abyssale. Ces évènements appelés 'cascading' durent quelques semaines, entrainant de fortes quantités de sédiment et débris végétaux. La région est aussi caractérisée par un régime de crues éclairs et de tempêtes d'Est qui favorisent également les transferts de matière de la terre vers la bande côtière et, au delà, via les têtes de canyon.
Nos recherches visent à comprendre les mécanismes qui lient la dynamique de cet environnement aux fonctions écologiques en profondeur. Elles s'intéressent notamment à la croissance des espèces ingénieures que sont les coraux profonds (ou coraux d'eaux froides) ou encore aux transformations de la matière carbonée et aux transferts d'énergie par les communautés microbiennes et la faune des sédiments.
Neuf campagnes de plongées ROV ont été réalisées par la chaire depuis 2010. Des observations et échantillonnages ont ainsi été répétés avec une fréquence temporelle rarement accessible pour ces milieux, permettant d'appréhender le caractère dynamique de cet écosystème. Plus rare encore, des expérimentations ont pu être menées sur la croissance des différentes espèces de coraux présentes, ainsi que sur la dégradation de substrats organiques comme le bois, sur des échelles de seulement quelques semaines à plusieurs années.